Les Chants du Soir

Mes amis,

Il y a fort longtemps, n'est-ce pas, que l'acier de ma plume virtuelle n'a pas gratté avec fureur la toile de vide qui nous uni. La vacance de mon esprit fut un peu longue, je vous l'accorde, mais je vous reviens (et qui plus est de droit).

Oubliez, mes enfants, l'héroïne de mauvais genre qu'on vous injecte. La cocaïne qu'appelle vos âmes se mêlera tôt ou tard à votre sang.

Ma poésie sera mon cheval de Troie. Et j'ai déjà gagné...

Soir

Chant I

J'ai vu la faucheuse
Elle tournait, si tu savais
Elle attendait, écoute, elle attendait qu'une tombe se creuse
Je l'ai vu, de si près

Celui qui meurt est éternel
Consolation sans intérêt, vois-tu
Car qui m'assure qu'aux cieux les hommes ne sont pas cendre
Que les nuages n'ont pas un goût de terre?

J'ai vu la faucheuse
Le faible au sol, écoute-moi bien
Elle l'avait vu, tu sais, elle en était bien malheureuse
Je le sais, elle n'est rien

Elle prend des vies qui nous sont belles
Sans s'émouvoir elle vole, elle tue
Mais rien ne dit, ami, qu'elle aime ici descendre
Pour nous offrir en vrac aux vers

Soir

Chant II

Humain sans homologue
Toi qui sans fin cherche un prologue
Que ton histoire n'a commencé
Lorsqu'un jour sombre tu es né

Déjà mort
Au moindre effort

Sur le fumier tu es la fleur
Mais ce n'a rien d'un grand bonheur
De vivre beau dans le purin
Il est sinistre, ton destin

Déjà las
Tu n'y vois pas

Tu vois la vie comme un supplice
Elle n'est que vide, elle n'est que vice
Partout des visages déformés
Des cris de femmes et de bébés

Tu suffoques
Ton râle est rauque

C'est à genoux que tu supplies
Que l'on t'épargne cette vie
Une mascarade aux couleurs ternes
Des yeux te fixent pleins de cernes

Voilà Dieu
Quel coup de vieux

Donne à ta vie sa mort, elle n'attend que la fin

Soir

Chant III

Ô sombres heures qui m'écartèlent
Puissiez-vous seulement me guérir
Arracher à mon corps ses os
De votre feu marquer ma peau

Ô sombres heures, ma raison frêle
Oublie ce que je vis de pire
Et je ne sais rien retenir
De la douleur qui fait vomir

Ô sombres heures soyez plus fortes
Lorsque trop las je m'abandonne
Soyez mon Maître et mon bourreau
Soyez mon Dieu et mon Tout-Haut

Ô sombres heures mes Amours mortes
Dans ma carcasse déjà résonnent
Mais dans le vide rien n'a de prise
Je les oublie, comme c'est de mise

Ô sombres heures je me résigne
Je n'ai de colère que pour moi
Mon sang acide me brûle les veines
Et m'interdit de vivre en peine

Ô sombres heures à votre vigne
Je vendangerai le vin qu'on boit
Lorsque l'on voit la mort venir
Que l'on oublie tout les empires

Ô sombres heures je me veux mort
Qu'adviendra t'il de moi, alors?
La faucheuse a t elle un wagon
Pour voyager jusqu'aux tréfonds?

Soir

sinon ça va ?

Soir trouve son chant III particulièrement réussi.

Chant IV

Un nuage passe
La vie te lasse

Un soleil meurt
Tu n'as plus peur

Tout au bord de ce pont
Le temps paraît moins long
C'est la terre qui t'appelle
Par le chemin du ciel

Une goutte tombe
D'un autre monde

Un nuage passe
La vie te lasse?

Tout au fond de ce trou
Les images sont floues
Et la terre et ton corps
Sont un même décors

Ô mon Dieu dites-nous
Est-ce un acte de fou
De martyr ou de lâche?
C'est utile que l'on sache

Soir